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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/57

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Du bienfaict naist l’obligation, et d’elle aussi il en sort et est produict ; ainsi est-il l’enfant et le pere, l’effect et la cause, et y a double obligation actifve et passifve. Les parens, les princes et superieurs, par debvoir de leur charge, sont tenus de bien faire et profiter à ceux qui leur sont commis et recommandez par la nature ou par la loy, et generallement tous ayant moyens envers tous necessiteux et affligez, par le commandement de nature. Voylà l’obligation premiere ; puis des bienfaicts, soyent-ils deubs et esmanez de ceste premiere obligation, ou bien libres et purs merites, sort l’obligation seconde et acquise, par laquelle les recepvans sont tenus à la recognoissance et remerciement : tout cecy est signifié par Hesiode, qui a faict les graces trois en nombre, et s’entretenant par les mains. La premiere obligation s’acquitte par les bons offices d’un chascun, qui est en quelque charge, lesquels seront tantost discourus en la seconde partie, qui est des debvoirs particuliers ; mais elle s’affermit, se relasche, et amoindrit accidentalement, par les conditions et le faict de ceux qui les reçoivent : car leurs offenses, ingratitudes et indignitez deschargent aucunement ceux qui sont obligez d’en avoir soin ; et semble que l’on en peust presque autant dire de leurs deffauts naturels. L’on peust justement moins aymer son enfant, son cousin, son subject non seulement malicieux et indigne, mais encore laid, bossu, malheureux, mal né ;