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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/58

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Dieu mesme luy en a rabattu cela de son prix et estimation naturelle : mais il faut, en se refroidissant, garder moderation et justice ; car cecy ne touche pas le secours de la necessité, et les offices deubs par la raison publicque, mais l’attention et affection, qui est l’interne obligation. La seconde obligation née des bienfaicts est celle que nous avons à traicter et reigler maintenant : premierement, la loy de recognoissance et remerciement est naturelle, tesmoin les bestes, non seulement privées et domestiques, mais farouches et sauvages, ausquelles se trouvent de notables exemples de recognoissance, comme du lyon envers l’esclave romain, (…). Secondement c’est acte certain de vertu, et tesmoignage de bonne ame, dont est plus à estimer que le bienfaict, lequel souvent vient d’abondance, puissance, amour de son propre interest, rarement de la pure vertu ; la recognoissance tousiours d’un bon cœur ; dont le bienfaict peust estre plus desirable, mais la recognoissance plus loüable. Tiercement, c’est une chose aisée, voire plaisante, et qui est en la main d’un chascun. Il n’y a rien si aisé que d’agir selon nature, rien si plaisant que de s’acquitter et dem