Aller au contenu

Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Comme on a trouvé le cœur et la main d’autruy ouverte à bien faire, aussi faut-il avoir la bouche ouverte à le prescher, et, affin que la memoire en soit plus ferme et solemnelle, nommer le bienfaict et le present du nom du bienfacteur. Le quatriesme est à rendre, avec ces quatre mots d’advis : 1 que ce ne soit tout promptement, ny trop curieusement ; cela a mauvaise odeur, et semble que l’on ne veuille rien debvoir, mais payer le bienfaict : c’est aussi donner occasion au bienfaisant de penser que son bienfaict n’a pas esté bien receu : se monstrer trop ambitieux et soigneux de rendre, c’est encourir soupçon d’ingratitude. Il faut donc que ce soit quelque temps après, et non fort long, affin de ne laisser vieillir le present (les graces sont peinctes jeunes), et avec belle occasion, laquelle s’offre de soy-mesme, ou bien soit estudiée sans esclat et sans bruict. 2 que ce soit avec usure et surpasse le bienfaict, comme la bonne terre,