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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/8

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troisiesme remede et moindre de tous a esté aux armes et à la force, du tout contraire au premier de l’amitié. Voylà par degrez les trois moyens du gouvernement politique ; mais l’amitié vaut bien plus que les autres, aussi les seconds et subsidiaires ne valent jamais tant que le premier et principal. Il y a grande diversité et distinction d’amitié : celle des anciens en quatre especes, naturelle, sociale, hospitaliere, venerienne, n’est poinct suffisante. Nous en pouvons marquer trois. La premiere est tirée des causes qui l’engendrent, qui sont quatre, nature, vertu : profict, plaisir, qui marchent quelquesfois toutes en troupe ; autresfois deux ou trois, et assez souvent une seule : mais la vertu est la plus noble et la plus forte ; car elle est spirituelle, et au cœur, comme l’amitié ; la nature est au sang, le profict en la bourse, le plaisir en quelque partie, et sentiment du corps. Aussi la vertu est plus libre, plus franche et nette ; et sans icelle les autres causes sont chetifves, lasches et caduques. Qui ayme pour la vertu ne se lasse poinct d’aymer ; et si l’amitié se rompt, ne se plainct poinct. Qui ayme pour le profict, si elle se rompt, se plainct impudemment, vient en reproche qu’il a tout faict et a tout perdu. Qui ayme pour le