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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/90

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Pour enseigner les autres et descouvrir la faute qui est en tout cecy, il faut monstrer deux choses : l’une, que la science et la sagesse sont choses fort differentes, et que la sagesse vaut mieux que toute la science du monde, comme le ciel vaut mieux que toute la terre, et l’or que le fer ; l’autre, que non seulement elles sont differentes, mais qu’elles ne vont presque jamais ensemble, qu’elles s’entr’empeschent l’une l’autre ordinairement : qui est fort sçavant n’est gueres sage, et qui est sage n’est pas sçavant. Il y a bien quelques exceptions en cecy ; mais elles sont bien rares. Ce sont de grandes ames, riches, heureuses : il y en a eu en l’antiquité ; mais il ne s’en trouve presque plus. Pour ce faire il faut premierement sçavoir que c’est que science et sagesse. Science est un grand amas et provision du bien d’autruy ; c’est un soigneux recueil de ce que l’on a veu, ouy dire et lu aux livres, c’est-à-dire des beaux dicts et faicts des grands personnages qui ont esté en toutes nations. Or le gardoir et le