Page:Chartier - La Belle Dame sans merci, 1901, éd. Charpennes.djvu/37

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À les voir ainsi belles, souriantes, grasses, dans la sécurité du péché, on doutait si c’étaient des femmes ; on croyait reconnaître dans sa beauté terrible, la Bête décrite et prédite ; on se souvenait que le Diable était peint fréquemment comme une belle femme cornue… Costumes échangés entre hommes et femmes, livrée du Diable portée par des chrétiens, parements d’autels sur l’épaule des ribauds, tout cela faisait une splendide et royale figure de sabbat. » L’historien moralise passionnément dans cette description, où les mots s’enlèvent en couleurs vives, juxtaposent leurs tons, qui révèlent, on dirait, aux yeux charmés, comme d’authentiques enluminures.

On aurait tort de croire qu’à la faveur de ce dérèglement, l’hypocrisie humaine perdit ses droits. Quoique « les vanteurs et les médisans » eussent mis

… puis dix ans
Le pays d’Amour à pastis

les préjugés restent vivaces :

 
Male Bouche tient bien grand court.