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LA BELLE DAME SANS MERCI





Naguères chevauchant pensoye,
Com’  homme triste et douloureux,
Au dueil où il faut que je soye
Le plus dolent des amoureux ;
Puisque par son dart rigoureux
La mort me tolli ma Maistresse,
Et me laissa seul langoureux
En la conduite de tristesse.

Si disoye : il faut que je cesse
De dicter et de rimoyer.
Et que j’abandonne et délaisse
Le rire pour le larmoyer.
Là me faut le temps employer,
Car plus n’ai sentement ne aise,
Soit d’escrire, soit d’envoyer
Chose qu’à moi n’a autrui plaise.