Page:Chartier - La Belle Dame sans merci, 1901, éd. Charpennes.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion


Ja soit ce que pas ne desserve
Vostre grâce par mon servir,
Souffrez au moins que je vous serve
Sans vostre malgré desservir.
Je serviray sans desservir
En ma loyauté observant ;
Car, pour ce, me fit asservir
Amour d’estre vostre servant. »

Quant la Dame ouyt ce langage,
Elle respondit bassement,
Sans muer couleur ne courage.
Mais tout asseuréement :
« Beau sire, ce fol pensement
Ne vous laissera il jamais ?
Ne penserez-vous autrement
De donner à vostre cœur paix ?

L’Amant

Nully n’y pourroit la paix mettre,
Fors vous qui la guerre y meistes,
Quant vos yeux escrirent la lettre
Par quoi deffier me feistes ;
Et que doux regard transmeistes
Héraut de celle deffiance.
Par lequel vous me promeistes
En deffiant bonne fiance.