Page:Chasseriau - Précis de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises (1).djvu/185

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une école préparatoire pour les propriétaires et les apprentis. Ceux-ci ont sous les yeux l’exemple d’hommes libres se soumettant volontairement au travail des terres et des manufactures. Les propriétaires savent jusqu’où les gages devront être portés pour obtenir de leurs terres un profit satisfaisant. Il est clair qu’à l’expiration du temps d’apprentissage, les engagements faits avec les Indiens serviront de modèle à ceux que l’on fera avec les apprentis.

« Il ne me semble pas naturel que ceux qui sont généralement plus robustes, et qui ne manquent pas d’intelligence, ne travaillent pas beaucoup plus que les Indiens ; j’ai quelquefois pensé qu’ils aimaient à se régler sur eux. Ce serait facile à expliquer : l’apprenti ne reçoit point de gages, il ne travaille pas conséquemment pour son compte, et c’est une raison bien forte pour ne pas le faire avec le même zèle que celui qui tient à conserver une situation qui lui convient.

« Mais voici un autre frein pour les Indiens, un autre avantage du travail à gages, et une autre explication de l’indolence des apprentis.

« Si l’Indien manque à ses engagements, s’il s’absente des travaux, sa pave est retenue jusqu’à concurrence du tort causé. Le propriétaire est en quelque sorte dédommagé par la retenue faite à son profit ; il n’en est pas de même de l’apprenti, qui sera bien condamné à quelques jours d’extra-service, à une punition corporelle, mais qui n’en recevra pas moins tout ce qui lui est assuré par la loi.

« Les propriétaires sentent donc dès à présent, et par expérience, tout l’avantage du travail à gages. J’en ai été de tout temps tellement convaincu, que j’ai été un des partisans