Vienca si tu tombois dans un gouffre relant
N'implorerois tu pas, bruslant d'impacience
De tes proches voisins & l'aide & l'assistance,
A les importuner subit & violent ?
Le secours plus soudain te sembleroit trop lent,
Et le moindre moment te porteroit nuisance,
Mais de ce noir enfer ou tu vis en souffrance
Tu ne vas du Seigneur le secours appellant :
Le monde d'une part t'espoinconne, & bourrelle
La chair d'autre costé contre toy se rebelle,
Et le diable & la mort te prend en trahison.
Encore aimes tu mieus, insensé Letargicque
Hanter & frequenter le convive publicque,
Qu'en la maison de pleurs chercher ta guarison.
Quel est celuy de nous qui n’ait un jour esté
En danger de la mort ? par peste, par famine
Par guerre, volerie, & tempeste mutine,
Et par lescalt du ciel en colere jetté ?
Chacun dans sa maison pense estre en seureté,
Mais combien sont restez sous l'espaisse ruine
Des bastiments froissez, combien en extermine
Ou le froid de l'Hyver, ou le chaud de l'Esté ?
Par tout ou nous courions, la mort nous eschauguette
Par tout ou nous allions, sur nous elle se jette
Et puis quant elle vient redemander ses drois :
Nous blasmons sa rigeur de pitié despourveüe,
Mais quant de mille mors ils mourroient mille fois
La fin des impourveus est tousjours impourveüe.
