Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/158

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CLXXI.


Quiconque veut gouster la mort douce & plaisante
Pense eternellement, & repense tousjours
Quelle sera la fin de ses langoureus jours,
Et seulement au ciel repose son attente.

Celuy dont la pensee est tranquille & constante
Et se pait en veillant d'un gracieus discours
Tramne un songe plaisant, qui derivant son cours
Des ses complexions,le delecte & contente.

Au contraire la nuit est fascheuse à passer
A ceus qui tout le jour ne font que tracasser
Instables en leurs fais, & mouvans comme l'onde

Telle sera la fin du pécheur abysmé
Dans le gouffre mortel du vice envenimé,
Qui ne dresse son ceur qu'aux choses de ce monde.


CLXXII.


De celuy du present on ne peut s'asseurer
A quel estat futur le Seigneur nous appelle,
Ains meurt souvente-fois comme beste cruelle
Celuy que nous voyons aux honneurs prosperer :

Et bien que la nature à tous face endurer
Une pareille fin la difference est telle
Que DIEU des vicieus rend la mort eternelle,
Et mourans fait aus bons le salut esperer :

Qui frans & deschargez de leurs terrestre fanges
En conversations parangonnent les Anges,
Suivans par tout l'agneau pour nous rescuscité

A pleur à L'ETERNEL que de la mort je meure
Des justes appellez à fortune meilleure
Qui verront en leur chair la haute TRINITE.