CXCV.
O grande esmerveillable estrange affection
De nostre Redempteur, dont la mort vengeresse
N'a seulement sauvé nostre ame pecheresse,
Mais reservé le cors à resurrection.
Corruptible jadis, en incorruption
Il ne rescuscitera & semé en foiblesse
Il se relevera en vigueur & proüesse
Tiré pour vivre en gloire hors de confusion
Fait en cors animal la haut il rescuscite
En cors sprirituel, ou joyeus il habite
A l'objet du Seigneur son nom glorifiant.
Ainsi la vie est vive & la mort est mourante,
Car le second Adam fust fait ame vivante
Ainsi que le premier esprit vivifiant.
CXCVI.
Soudain meurt le sarment, & tombe en pourriture
Que du cep nourricier il se voit retranché,
Mais si du vigneron il n'en est esbranché
Produisant fleur & fruit il en prend nourriture
Tandis que repurgé de toute forfaiture
L'homme par vive foy fermement attaché
Au cors de JESUS-CHRIST n'en sera arraché
Par le diable & la chair ennemis de nature :
Il vivra en seurté, & sous l'aveugle l'ame
La mort pour tout jamais n'esclavera son ame
De la grace de DIEU saintement preservé
Mais il mourra soudain si la mauvaise branche
De ses affections de son DIEU le retranche,
Car hors de JESUS-CHRIST personne n'est sauvé.
