Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/236

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CCLXVII.


O si quelque Seigneur voulant user de grace
A te recompenser, te faisoit cession
D'un Palais orguïlleus, tenant possession
Tu ne tarderois guere à te mettre en la place :

Le Tout-Puissant resigne à nostre humaine race
Pas testament dernier la celeste Sion
Pour confirmer au ciel la resignation
Un seul ne veut sortir de ceste terre basse.

Seroit pas fol celuy qui voudroit demeurer
(Avant un beau logis lá ou se retirer)
Dans le bourbier fangeus d'une puante estable ?

Encore es tu plus sot qui mieus ayme moysir
Au lac du monde infet, que de prendre & choisir
Le ciel pour ta maison eternelle & durable.


CCLXVIII.


Cependant que tu vis mets en ta souvenance
Que tu es voyager, & que les pelerins
Par sentiers tortueus, soucieus & chagrins
Trainent leur povre vie en misere & souffrance

Vivans comme estrangers ils n'ont point d'alliance,
Passant legerement de chemins en chemins :
Ne fondes pas aussi sur les hommes malins
Cependant que tu vis, une ferme accointance :

Le pelerin lassé songe & pense tousjour
Solitaire & pensif, au bien-heureus sejour
Ou se finit le cour de son pelerinage ;

Pelerin du Seigneur fais que tes pensemens
En la terre des vifs cherchent à tous momens
Du Sauveur JESUS-CHRIST le celeste heritage.