CCCXVII.
Que la belle splendeur des choses de ce monde
Ne t'esblouisse point comme l'ours grommelant
S'esblouit à l'objet du cuivre estincellant,
Rendant en ses desirs ton ame vagabonde
Du pauvre souffreteus qui ses desirs ne fonde
Sur le bien terrien comme sable escoulant
Le trepas n'est jamais si triste ou violent
Que la mort de celuy qui de richesse abonde :
Lequel au mesme instant qu'il jette ses sanglos
De son ceur estouffé confusement eclos
De laisser ses tresors sent une peine extreme
Car il est du Seigneur de tout tems ordonné
Que sans peine & douleur ne soit abandonné
Ce qui d'ame & de ceur immoderement s'aime.
CCCVIII.
Quelquefois les chevaus vont caparassonnez
De drap d’or & dargent richesse inestimable
Toutefois, arrivez en la fumante estable
On leur oste l’habit duquel ils sont ornez
Et ne leur reste rien sur les dos estonnez
Que lasseté, sueur & playe dommageable
Dont l’esperon, la course & le fais les accable
Deffaillant sous les bonds en courbettes tournez
Ainsi marche le prince accompagné sur terre
Puis quand le trait subit de la Parque l’enferre
Tous ses honneurs luy sont incontinant estez
Car de tant de ressors, & provinces sujettes
Les rois n’emportent rien sous les tombes muettes
Que les forfais commis en leurs principautez.