Ou sont des grands Seigneurs les robes Consulaires
Les Augurs, & Tribuns, qu’un long deportement
La honte, l’infamie, & le bannissement
N’ait fait le tourne-dos des tourbes populaires ?
Ou sont des Empereurs les pompes militaires,
Que du tems ravisseur l’assidu mouvement
N’aye en fin renversé depuis le fondement,
Changeant comme il luy plait le cour de nos affaires ?
Ou sont les grands thresors que la honteuse faim
Pas à pas ne talonne ? ou l’homme tant hautain
Que ne soit en tout tems à la mort redevable ?
Et puis tu dis, mortel, que tu ne pensois pas
Devoir si tost mourir, tu serois excusable
Si DIEU t’avait cotté l'heure de ton trespas.
O sombre aveuglement du jugement humain :
Le cors devers sa fin à toute heure balance
A toute heure la mort cite en derniere instance,
Et nous osons promettre un ferme lendemain ;
Autant comme se peut de nostre àge incertain
Estendre le passage, autant par esperance
Nous nous en promettons, & n'est telle puissance
Qui des ambicieus refrene le dessein.
O sottize du monde, ô vanité des hommes
Plus voisins du tombeau de jour en jour nous sommes,
Et chaque heure nous pousse au lieu ds trespassez.
Nous vivons pour mourir, & sur le point extreme
De la mort de ce cors, & quant nous mourons mesme
Mal-heureus avortons rien ne nous semble assez.