XXXI.
Souvente-fois l’esclat d’un penchant édifice
Mon oreille à frappé, jay veu souvente-fois
Au-devant de mon huis un funebre convois
Presenter à Pluton ses pleurs en sacrifice,
Souventefois la nuit des voluptez nourrice
A plusieurs miens amis à fait perdre la vois,
Et presque entre mes mains leur à couppé les doigs,
Et le bourreau conduit mes voisins au supplice :
Je m'esbais comment tant de perils divers
Sont approchez de moy, & tombant à l'envers
Quant ils m'ont apperceu, font tournez en arriere.
Pourtant, cher Romanet, ne me repute heureus
Encore ay je à passer le saut plus dangereus,
Le jour n'est point finis avant l'heure derniere.
XXXII.
Le CHRESTIEN est assis par le grand Capitaine
Pour combattre en ce cors, & ne scauroit mourir
Par un coup de sa main, s'il ne veut encourir
D'avoir quitté son ranc, la reproche vilaine.
Mais si du Tout-puissant la grandeur souveraine
Du combat le r'apelle, il ne se doit marrir
D'accepter la retraite, & franchement courir
Ou de son Colonel la volonté le meine :
Nous sommes nais pour DIEU, duquel la Majesté
Nous à ce peu de bien comme à ferme presté
Afin d'en bien user, & comme tributaires
Luy en rendre les fruis : il la nous doit oster
Et ne la pouvons pas quant il nous plait quitter
La fermier suit la loy de ses proprietaires.