Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/44

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XXXIII.


A l'homme resolus les menaces cruelles
Des tyrans assassins, sont promesses de bien
Les glaives ennemis tirez contre le sien
Pour le guinder en haut, sont autant de cordelles,

Dez la nuit de ce monde, aus lumieres plus belles
Du Ciel y va montant, & ne se peine rien
Pourveu qu'il marche droit, de s'enquester combien
Il doit encor moisir en ces prisons charnelles :

Car le mesme chemin qui le retirera
Du monde frauduleus, soudain le guidera
Au Royaume ETERNEL, franc de haine, & d'envie :

Par glaive, peste, faim, il aspire au tombeau,
Et tirant de sa nuit un plus ardent flambeau
Qui luy donne la mort, il luy donne la vie.


XXXIIII.


Afin de bien mourir, faut te deliberer
De mourir volontiers, & suivre sans contrainte
La volonté de DIEU, ne te laissant en plainte
Par son veuil indomté au sepulchre tirer

Pour mourir volontiers, garde toy d'aborrer
La sappe de la mort, apres la masse enfrainte
De ce corps maladif, quiconque meurt sans crainte
Une meilleure vie au ciel doit esperer :

Afin de l'esperer, il faut que tu revere
La haute Majesté de ton celeste PERE,
Qui mesure tes jours quant tu ny pense pas :

Quiconque le redoute, & saintement l'adore
Au milieu de la nuit luisant comme l'Aurore,
Espere tout en haut, & ne craint rien ca bas.