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LXXIX.


Nos cors aggravantez sous le pois des tombeaus
Quant du clairon bruyant la clameur resonnante
Eslancera le feu sur la terre flambante,
Purifiant du ciel les estonnez flambeaus :

Du cerceuil oublieus ressortiront plus beaus,
Comme on voit par les chams la palme verdoyante
Malgré le fais pesant plus belle & fleurissante
Contre le ciel ouvert, relever ses rameaus.

Lors nous serons ravis, autant que le pilotte
Qui dormant en la nef quant douteuse elle flotte
Se voir au resveiller dans le mole arrivé.

En joüissant la haut d'une paix eternelle,
Le cors ne sera plus à son ame rebelle,
N'y l'esprit de son cors si longuement privé.


LXXX.


Tu vois comme le grain sous la terre jetté
Doit meurir & pourrir paravant qu'il renaisse,
Et que son tuyau vert contre le ciel redresse
Les barbillons pointus de son espic cresté

Desires tu gaigner la heure Eternité ?
Passes y par la mort, si la mort ne te blesse,
Et consume ton cors dessus la terre espaisse
Tu n'attaindras mortel à l'immortalité

Par la corruption l'homme se regenere
En l'ETERNELLE vie, & finit sa misere
Par un heureus mal-heur, le meilleur des malheurs.

O merveilleus effet, celle qui tout consomme
L'invevitable mort donne la vie à lhomme
Et la mesme douleur fait mourir ses douleurs.