Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/369

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plus instruits d’entre les Chinois, nous sûmes que cette muraille avait été bâtie, il y a environ quinze cents ans, pour arrêter les incursions fréquentes des Tartares, qui, se répandant par essaims sur la Chine, en ravageaient les provinces septentrionales, avant qu’il fût même possible de leur opposer aucune résistance. Nous apprîmes que sa longueur, d’environ quatorze cents milles, s’étendait sur une contrée généralement montueuse et irrégulière, entrecoupée de temps en temps par des roches et des précipices tellement escarpés, qu’il est difficile de concevoir que l’attrait du pillage ait pu déterminer des hommes à risquer leur vie pour les franchir. La portion de la Muraille que nous examinâmes et que nous mesurâmes avec beaucoup de difficulté, avait vingt-cinq pieds (anglais) d’élévation ; son épaisseur, prise à travers la porte, était de trente-six pas, et demeurait la même jusqu’en haut ; mais dans les vallées et dans les différents endroits qui présentaient à l’ennemi un passage plus facile, son épaisseur et son élévation surpassaient de beaucoup ces dimensions. Elle était bâtie en briques, et depuis Son Excellence jusqu’au dernier de nos soldats, nous eûmes tous un empressement égal à en recueillir des fragments, comme si ces morceaux de brique eussent été des lingots du plus précieux métal. Quoique remontant à une si haute antiquité,