Nous étions depuis une heure à peine sur nos ancres, qu’un bateau japonais, longue barque à charpente de bois blanc, sans peinture et sans goudron, montée par six hommes, et portant le pavillon impérial noir et blanc, s’est présenté à l’échelle du Laplace : trois officiers japonais subalternes sont montés à bord, prévenus sans doute, dès que nous avons paru sur la rade, par le pilote de Simoda, pris à un mille en dehors du goulet, et qui, ses indications une fois données, avait pris le devant sur nous. Ces officiers étaient armés de deux sabres, de grandeurs inégales, passés dans leur ceinture ; et il paraît que la coutume japonaise n’accorde qu’aux fonctionnaires le droit de porter ces deux armes. Au premier aspect, la race est incomparablement plus belle, l’expression du visage aussi fine, mais plus ouverte qu’en Chine. Nos visiteurs se sont informés du but de notre voyage, de nos intentions présentes, et cela avec une persistance dépassant les limites de la curiosité : nous étions, du reste, déjà prévenus que, dans l’ordre social japonais, tout individu est espion par ordre de l’autorité supérieure.
Le rang subalterne de ces trois officiers n’a pas permis au baron Gros de les recevoir : ils n’ont communiqué qu’avec le commandant et l’abbé Mermet, entré aujourd’hui dans le plein exercice de