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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/314

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dont les peines étoient abrégées par les prières des parents et des amis qu’ils avoient encore sur la terre. Céleste prérogative de l’amitié, de la religion et du malheur ! Plus celui qui prie ici-bas est infortuné, pauvre, infirme, méprisé, plus ses vœux ont de puissance pour donner un bonheur éternel à quelque âme délivrée !

L’heureuse Séphora brilloit d’un éclat extraordinaire au milieu de ces morts rachetés. La mère des Machabées prend aussitôt par la main la mère d’Eudore, et la présente à Marie. Le cortège remonte lentement vers les sacrés tabernacles. Les mondes divers, ceux qui frappent nos regards pendant la nuit, ceux qui échappent à notre vue dans la profondeur des espaces, les soleils, la création entière, les chœurs des puissances qui président à cette création, chantent l’hymne à la Mère du Sauveur :

« Ouvrez-vous, portes éternelles : laissez passer la Souveraine des cieux !

« Je vous salue, Marie, pleine de grâce, modèle des vierges et des épouses ! Chérubins ardents, portez sur vos ailes la fille des hommes et la Mère de Dieu. Quelle tranquillité dans ses regards baissés ! que son sourire est calme et pudique ! Ses traits conservent encore la beauté de la douleur qu’elle éprouva sur la terre, comme pour tempérer les joies éternelles ! Les mondes frémissent d’amour à son passage ; elle efface l’éclat de la lumière incréée dans laquelle elle marche et respire. Salut, vous qui êtes bénie entre toutes les femmes ! refuge des pécheurs, consolatrice des affligés !

« Ouvrez-vous, portes éternelles : laissez passer la Souveraine de cieux ! »


fin du livre vingt-et-unième.