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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/358

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un magnifique ; Chio célébroit des jeux en l’honneur du plus grand des poëtes, Argos invoquoit Apollon et Homère, etc.


11e. — page 17.

Poussé par un vent favorable, son vaisseau découvre bientôt le promontoire du Ténare, et suivant les côtes d’Œtylos, de Thalames et de Leuctres, il vient jeter l’ancre à l’ombre du bois Chœrius.

Le Ténare, aujourd’hui le cap Matapan, dernier promontoire de la Laconie. On y voyoit un temple de Neptune et un soupirail qui conduisoit aux enfers. Œtylos, Thalames, Leuctres, etc., villes situées le long des côtes de la Laconie, au revers du mont Taygète, dans le golfe de Messénie. (Voyez Pausanias, in Messen.) Ces villes n’ont rien de remarquable. D’Anville veut trouver Œtylos dans Betylo : peut-être Thalames est-il Calamate, quoiqu’il soit plus probable que la Calamate moderne est la Calamé des anciens. Il ne faut pas confondre la Leuctres du golfe de Messénie avec la Leuctres de l’Arcadie, et surtout avec la Leuctres célèbre par la victoire d’Épaminondas.


12e. — page 17.

On y voyoit le poëte représenté sous la figure d’un grand fleuve où d’autres fleuves venoient remplir leurs urnes.

Cet ingénieux emblème fut trouvé par l’antiquité, et c’est ce qui a fait dire à Longin, en parlant des imitations de Platon : « Il a puisé dans Homère comme dans une vive source dont il a détourné une infinité de ruisseaux. » (Traité du Sublime, ch. xi, traduct. de Boileau.) Que je serois heureux si j’avois puisé à mon tour quelques gouttes d’eau dans cette vive source !


13e. — page 17.

Le temple dominoit la ville d’Épaminondas.

C’est Messène. Elle fut bâtie par le général thébain après qu’il eut battu les Spartiates et rappelé les Messéniens dans leur patrie. Pellegrin ne parle point de Messène. L’abbé Fourmont la visita vers l’an 1754, et compta trente-huit tours encore debout.

Je voyois ces ruines à ma gauche en traversant la Messénie pour me rendre à Tripolizza, au pied du Ménale, dans le vallon de Tégée. M. de Pouqueville, venant de Navarin (l’ancienne Pylos), et faisant à peu près la même route que moi, dut laisser ces mêmes ruines à sa droite. (Voyez Pausanias, in Messen. ; Voyage du jeune Anacharsis ; Pellegrin, Voyage au royaume de Morée ; Couqueville, Voyage en Morée.)