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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/42

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ce moment même le vieillard s’avançoit, vêtu d’une longue robe que rattachoit une ceinture ornée de franges de pourpre, de la valeur d’une hécatombe. Il portoit sur sa tête une couronne de papyrus 69, et tenoit à la main le rameau sacré d’Apollon. Il monte sur le char, et Cymodocée s’assied à ses côtés. Évemon saisit les rênes, et presse du fouet retentissant le flanc des mules sans tache. Les mules s’élancent, et les roues rapides marquent à peine sur la poussière la trace qu’un léger vaisseau laisse en fuyant sur les mers.

« Ô ma fille ! dit le pieux Démodocus, tandis que le char vole, nous préserve le ciel de manquer de reconnoissance ! Les portes des enfers sont moins odieuses à Jupiter que les ingrats : ils vivent peu, et sont toujours livrés à une furie ; mais une divinité favorable se tient toujours auprès de ceux qui ne perdent point la mémoire des bienfaits : les dieux voulurent naître parmi les Égyptiens, parce qu’ils sont les plus reconnoissants des hommes 70. »

fin du livre premier.