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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/573

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EXAMEN DES MARTYRS.


C’est avec un vrai chagrin que je me vois forcé à me défendre : ce rôle a quelque chose d’embarrassant et qui répugne surtout à mon caractère. Mais comme dans tout ce qui me concerne on feint de mêler les intérêts de la religion, ce grand nom m’oblige à des soins que je ne prendrois pas pour moi ; mon devoir me fait une loi de repousser des traits qui peuvent tomber sur des choses saintes. Je vais donc examiner Les Martyrs.

Cet examen se divise naturellement en trois parties.

1o Examen des objections religieuses et morales faites contre Les Martyrs ;

2o Examen des objections littéraires ;

3o Changements faits aux premières éditions des Martyrs, et remarques ajoutées à chaque livre de l’ouvrage.

OBJECTIONS RELIGIEUSES ET MORALES.

Tout ce qu’on a dit contre les Martyrs, on l’a dit également et avec plus de force contre le Génie du Christianisme : « Système dangereux pour le goût ; la religion compromise, moins défendue qu’outragée ; ouvrage déplorable ; ouvrage oublié ; ouvrage mort en naissant, etc. »

Remarquons encore que les personnes qui semblent les plus effrayées des dangers auxquels Les Martyrs exposent la religion sont du nombre de celles désignées dans la Défense du Génie du Christianisme. « Que les consciences timorées, disois-je, se rassurent, ou plutôt qu’elles examinent bien, avant de s’alarmer, si les censeurs scrupuleux qui accusent l’auteur de porter la main à l’encensoir, qui montrent une