vieillesse ; mais si toute religion venait à s’éteindre parmi nous, je ne serais point étonné qu’on entendît les cris du gladiateur mourant sur la scène où retentissent aujourd’hui les douleurs de Phèdre et d’Andromaque.
Après avoir visité les théâtres, nous rentrâmes dans la ville, où nous jetâmes un coup d’œil sur le Portique, qui formait peut-être l’entrée de l’Agora. Nous nous arrêtâmes à la tour des Vents, dont Pausanias n’a point parlé, mais que Vitruve et Varron ont fait connaître. Spon en donne tous les détails, avec l’explication des vents ; le monument entier a été décrit par Stuart dans ses Antiquités d’Athènes ; François Giambetti l’avait déjà dessiné en 1465, époque de la renaissance des arts en Italie. On croyait du temps du père Babin, en 1672, que cette tour des Vents était le tombeau de Socrate. Je passe sous silence quelques ruines d’ordre corinthien, que l’on prend pour le Poecile, pour les restes du temple de Jupiter Olympien, pour le Prytanée, et qui peut-être n’appartiennent à aucun de ces édifices. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elles ne sont pas du temps de Péridès. On y sent la grandeur, mais aussi l’infériorité romaine : tout ce que les empereurs ont touché à Athènes se reconnaît au premier coup d’œil, et forme une disparate sensible avec les chefs-d’œuvre du siècle de Périclès. Enfin, nous allâmes au couvent français rendre à l’unique religieux qui l’occupe la visite qu’il m’avait faite. J’ai déjà dit que le couvent de nos missionnaires comprend dans ses dépendances le monument choragique de Lysicrates ; ce fut à ce dernier monument que j’achevai de payer mon tribut d’admiration aux ruines d’Athènes.
Cette élégante production du génie des Grecs fut connue des premiers voyageurs sous le nom de Fanari tou Demosthenis. " Dans la maison qu’ont achetée depuis peu les pères capucins, dit le jésuite Babin, en 1672, il y a une antiquité bien remarquable, et qui depuis le temps de Démosthène est demeurée en son entier : on l’appelle ordinairement la Lanterne de Démosthène 60. "
On a reconnu depuis 61, et Spon le premier, que c’est un monument choragique élevé par Lysicrates dans la rue des Trépieds. M. Legrand en exposa le modèle en terre cuite dans la cour du Louvre il y a quelques années 62 ; ce modèle était fort ressemblant ; seulement l’architecte, pour donner sans doute plus d’élégance à son travail, avait supprimé