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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/218

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le mur circulaire qui remplit les entre-colonnes dans le monument original.

Certainement ce n’est pas un des jeux les moins étonnants de la fortune que d’avoir logé un capucin dans le monument choragique de Lysicrates ; mais ce qui au premier coup d’œil peut paraître bizarre devient touchant et respectable quand on pense aux heureux effets de nos missions, quand on songe qu’un religieux français donnait à Athènes l’hospitalité à Chandler, tandis qu’un autre religieux français secourait d’autres voyageurs à la Chine, au Canada, dans les déserts de l’Afrique et de la Tartarie.

" Les Francs à Athènes, dit Spon, n’ont que la chapelle des capucins, qui est au Fanari tou Demosthenis. Il n’y avait lorsque nous étions à Athènes que le père Séraphin, très honnête homme, à qui un Turc de la garnison prit un jour ceinture de corde, soit par malice ou par un effet de débauche, l’ayant rencontré sur le chemin du Port-Lion, d’où il revenait seul de voir quelques Français d’une tartane qui y était à l’ancre.

" Les pères jésuites étaient à Athènes avant les capucins, et n’en ont jamais été chassés. Ils ne se sont retirés à Négrepont que parce qu’ils y ont trouvé plus d’occupation, et qu’il y a plus de Francs qu’à Athènes. Leur hospice était presque à l’extrémité de la ville, du côté de la maison de l’archevêque. Pour ce qui est des capucins, ils sont établis à Athènes depuis l’année 1658, et le père Simon acheta le Fanari et la maison joignante en 1669, y ayant eu d’autres religieux de son ordre avant lui dans la ville. "

C’est donc à ces missions si longtemps décriées que nous devons encore nos premières notions sur la Grèce antique 63. Aucun voyageur n’avait quitté ses foyers pour visiter le Parthénon, que déjà des religieux, exilés sur ces ruines fameuses, nouveaux dieux hospitaliers, attendaient l’antiquaire et l’artiste. Des savants demandaient ce qu’était devenue la ville de Cécrops ; il y avait à Paris, au noviciat de Saint-Jacques, un père Barnabé, et à Compiègne un père Simon, qui auraient pu leur en donner des nouvelles ; mais ils ne faisaient point parade de leur savoir : retirés aux pieds du crucifix, ils cachaient dans l’humilité du cloître ce qu’ils avaient appris, et surtout ce qu’ils avaient souffert pendant vingt ans au milieu des débris d’Athènes.

" Les capucins français, dit La Guilletière, qui ont été appelés à la mission de la Morée par la congrégation de Propapanda Fide ont leur