Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/361

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dire encore que les murailles touchent aujourd’hui à ces sépulcres, car elles n’en sont pas éloignées de cinq cents pas.

Le mur d’enceinte qui existe aujourd’hui est l’ouvrage de Soliman, fils de Sélim 35. , comme le prouvent les inscriptions turques placées dans ce mur. On prétend que le dessein de Soliman était d’enclore la montagne de Sion dans la circonvallation de Jérusalem, et qu’il fit mourir l’architecte pour n’avoir pas suivi ses ordres. Ces murailles, flanquées de tours carrées, peuvent avoir à la plate-forme des bastions une trentaine de pieds de largeur et cent vingt pieds d’élévation ; elles n’ont d’autres fossés que les vallées qui environnent la ville. Six pièce de douze, tirées à barbette, en poussant seulement quelques gabions, sans ouvrir de tranchée, y feraient dans une nuit une brèche praticable ; mais on sait que les Turcs se détendent très bien derrière un mur par le moyen des épaulements. Jérusalem est dominée de toutes parts ; pour la rendre tenable contre une armée régulière, il faudrait faire de grands ouvrages avancés à l’ouest et au nord et bâtir une citadelle sur la montagne des Oliviers.

Dans cet amas de décombres, qu’on appelle une ville, il a plu aux gens du pays de donner des noms de rues à des passages déserts. Ces divisions sont assez curieuses, et méritent d’être rapportées, d’autant plus qu’aucun voyageur n’en a parle ; toutefois les pères Roger, Nau, etc., nomment quelques portes en arabe. Je commence par ces dernières :

Bab-el-Kzalil, la porte du Bien-Aimé ; elle s’ouvre à l’ouest. On sort par cette porte pour aller à Bethléem, Hébron et Saint-Jean-du-Désert. Nau écrit Bab-el-Khalil, et traduit : porte d’Abraham : c’est la porte de Jaffa de Deshayes, la porte des Pèlerins et quelquefois la porte de Damas des autres voyageurs.

Bab-el-Nabi-Dahoud, la porte du prophète David : elle est au midi, sur le sommet de la montagne de Sion, presque en face du tombeau de David et du Saint-Cénacle. Nau écrit Bab-Sidi-Daod. Elle est nommée Porte de Sion par Deshayes, Doubdan, Roger, Cotovic, Bénard, etc.

Bab-el-Maugrarbé, la porte des Maugrabins ou des Barbaresques : elle se trouve entre le levant et le midi, sur la vallée d’Annon, presque au coin du Temple, et en regard du village de Siloan. Nau écrit Babel-Megarebe. C’est la porte Sterquilinaire ou des ordures, par où les Juifs amenèrent Jésus-Christ à Pilate, après l’avoir pris au jardin des Oliviers.

Bab-el-Darahie, la porte Dorée ; elle est au levant et donne sur le parvis