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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/368

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Absalon), Quaresmius (t. II, cap. IV et V), et plusieurs autres, ont ou parlé de ces noms, ou épuisé sur ce sujet la critique de l’histoire. Mais quand la tradition ne serait pas ici démentie par les faits, l’architecture de ces monuments prouverait que leur origine ne remonte pas à la première antiquité judaïque.

S’il fallait absolument fixer l’époque où ces mausolées ont été construits, je la placerais vers le temps de l’alliance des Juifs et des Lacédémoniens, sous les premiers Machabées. Le dorique dominait encore dans la Grèce : le corinthien n’envahit l’architecture qu’un demi-siècle après, lorsque les Romains commencèrent à s’étendre dans le Péloponèse et dans l’Asie 38. .

Mais en naturalisant à Jérusalem l’architecture de Corinthe et d’Athènes, les Juifs y mêlèrent les formes de leur propre style. Les sépulcres de la vallée de Josaphat, et surtout les tombeaux dont je vais bientôt parler, offrent l’alliance visible du goût de l’Égypte et du goût de la Grèce. Il résulta de cette alliance une sorte de monuments indécis, qui forment pour ainsi dire le passage entre les Pyramides et le Parthénon ; monuments où l’on distingue un génie sombre, hardi, gigantesque, et une imagination riante, sage et modérée 39. . On va voir un bel exemple de cette vérité dans les sépulcres des rois.

En sortant de Jérusalem par la porte d’Ephraïm, on marche pendant un demi-mille sur le plateau d’un rocher rougeâtre où croissent quelques oliviers. On rencontre ensuite au milieu d’un champ une excavation assez semblable aux travaux abandonnés d’une ancienne carrière. Un chemin large et en pente douce vous conduit au fond de cette excavation, où l’on entre par une arcade. On se trouve alors au milieu d’une salle découverte taillée dans le roc. Cette salle a trente pieds de long sur trente pieds de large, et les parois du rocher peuvent avoir douze à quinze pieds d’élévation.

Au centre de la muraille du midi vous apercevez une grande porte carrée, d’ordre dorique, creusée de plusieurs pieds de profondeur dans le roc. Une frise un peu capricieuse, mais d’une délicatesse exquise, est sculptée au-dessus de la porte : c’est d’abord un triglyphe suivi d’un métope orné d’un simple anneau ; ensuite vient une grappe de raisin entre deux couronnes et deux palmes. Le triglyphe se représente,