Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/415

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SIXIÈME PARTIE




VOYAGE D’ÉGYPTE.


Je me trouvai fort embarrassé à mon retour à Jaffa : il n’y avait pas un seul vaisseau dans le port. Je flottais entre le dessein d’aller m’embarquer à Saint-Jean-d’Acre et celui de me rendre en Égypte par terre. J’aurais beaucoup mieux aimé exécuter ce dernier projet, mais il était impraticable. Cinq partis armés se disputaient alors les bords du Nil : Ibraïm-Bey dans la Haute-Égypte, deux autres petits beys indépendants, le pacha de la Porte au Caire, une troupe d’Albanais révoltés, El-Fy-Bey dans la Basse-Égypte. Ces différents partis infestaient les chemins ; et les Arabes, profitant de la confusion, achevaient de fermer tous les passages.

La Providence vint à mon secours. La surlendemain de mon arrivée à Jaffa, comme je me préparais à partir pour Saint-Jean-d’Acre, on vit entrer dans le port une saïque 1. . Cette saïque de l’échelle de Tripoli de Syrie était sur son lest et s’enquérait d’un chargement. Les Pères envoyèrent chercher le capitaine : il consentit à me porter à Alexandrie, et nous eûmes bientôt conclu notre traité. J’ai conservé ce petit traité écrit en arabe. M. Langlès, si connu par son érudition dans les langues orientales, l’a jugé digne d’être mis sous les yeux des savants, à cause de plusieurs singularités. Il a eu la complaisance de le traduire lui-même, et j’ai fait graver l’original :


LUI (Dieu).
" Le but de cet écrit et le motif qui l’a fait tracer est que, le jour et la date désignés ci-après 2. , nous soussignés avons loué notre bâtiment au porteur de ce