Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/416

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traité, le signor Francesko (François), pour aller de l’échelle d’Yâfâ à Alexandrie, à condition qu’il n’entrera dans aucun autre port, et qu’il ira droit à Alexandrie, à moins qu’il ne soit forcé par le mauvais temps de surgir dans quelque échelle. Le nolis de ce bâtiment est de quatre cent quatre-vingts ghrouchs (piastres) au lion, lesquels valent chacun quarante pârahs 3. . Il est aussi convenu entre eux que le nolis susdit ne sera acquitté que lorsqu’ils, seront entrés à Alexandrie. Arrêté et convenu entre eux, et cela devant les témoins soussignés. Témoins :

" Le séid (le sieur) Moustapha êl Bâbâ ; le séid Hhocéin Chetmâ. — Le réis (patron) Hhannâ Demitry (Jean Démétrius), de Tripoli de Syrie, affirme la vérité du contenu de cet écrit.
" Le réis (patron) Hhannâ a touché, sur le montant du nolis ci-dessus énoncé, la somme de cent quatre-vingts ghrouchs au lion ; le reste, c’est-à-dire les trois cents autres ghrouchs, lui seront payés à Alexandrie ; et comme ils servent d’assurance pour le susdit bâtiment depuis Yâfâ jusqu’à Alexandrie ils restent dans la bourse du signor Francesko, pour cette seule raison. Il est convenu, en outre, que le patron leur fournira, à un juste prix, de l’eau, du feu pour faire la cuisine et du sel, ainsi que toutes les provisions dont ils pourraient manquer, et les vivres. "

Ce ne fut pas sans un véritable regret que je quittai mes vénérables hôtes le 16 octobre. Un des Pères me donna des lettres de recommandation pour l’Espagne ; car mon projet était, après avoir vu Carthage, de finir mes courses par les ruines de l’Alhambra. Ainsi ces religieux, qui restaient exposés à tous les outrages, songeaient encore à m’être utiles au delà des mers et dans leur propre patrie.

Avant de quitter Jaffa, j’écrivis à M. Pillavoine, consul de France à Saint-Jean-d’Acre, la lettre suivante :

" Jaffa, ce 16 octobre 1806.
" Monsieur,
" J’ai l’honneur de vous envoyer la lettre de recommandation que M. l’ambassadeur de France à Constantinople m’avait remise pour vous. La saison étant déjà très avancée, et mes affaires me rappelant dans notre commune patrie, je me vois forcé de partir pour Alexandrie. Je perds à regret l’occasion de faire votre connaissance. J’ai visité Jérusalem ; j’ai été témoin des vexations que le pacha de Damas fait éprouver aux religieux de Terre Sainte.