Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/505

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sa largeur de vingt. Sur cet édifice on en éleva un autre, de même grandeur ; et ainsi toute la hauteur du Temple était de six vingts coudées. Il était tourné vers l’orient, et son portique était de pareille hauteur de six vingts coudées, de vingt de long et de six de large. Il y avait à l’entour du Temple trente chambres en forme de galeries, et qui servaient au dehors comme d’arcs-boutants pour le soutenir. On passait des unes dans les autres, et chacune avait vingt coudées de long, autant de large, et vingt de hauteur. Il y avait au-dessus de ces chambres deux étages de pareil nombre de chambres toutes semblables. Ainsi, la hauteur des trois étages ensemble, montant ensemble à soixante coudées, revenait justement à la hauteur du bas édifice du Temple dont nous venons de parler ; et il n’y avait rien au-dessus. Toutes ces chambres étaient couvertes de bois de cèdre, et chacune avait sa couverture à part, en forme de pavillon ; mais elles étaient jointes par de longues et grosses poutres, afin de les rendre plus fermes, et ainsi elles ne faisaient ensemble qu’un seul corps. Leurs plafonds étaient de bois de cèdre fort poli, et enrichis de feuillages dorés, taillés dans le bois. Le reste était aussi lambrissé de bois de cèdre, si bien travaillé et si bien doré, qu’on ne pouvait y entrer sans que leur éclat éblouît les yeux. Toute la structure de ce superbe édifice était de pierres si polies et tellement jointes, qu’on ne pouvait pas en apercevoir les liaisons ; mais il semblait que la nature les eût formées de la sorte, d’une seule pièce, sans que l’art ni les instruments dont les excellents maîtres se servent pour embellir leurs ouvrages y eussent en rien contribué. Salomon fit faire dans l’épaisseur du mur, du côté de l’orient, où il n’y avait point de grand portail, mais seulement deux portes, un degré à vis de son invention pour monter jusqu’au haut du Temple. Il y avait dedans et dehors le Temple des ais de cèdre, attachés ensemble avec de grandes et fortes chaînes, pour servir encore à le maintenir en état.

" Lorsque tout ce grand corps de bâtiment fut achevé, Salomon le fit diviser en deux parties, dont l’une, nommée le Saint des Saints ou Sanctuaire, qui avait vingt coudées de long, était particulièrement consacrée à Dieu, et il n’était permis à personne d’y entrer ; l’autre partie, qui avait quarante coudées de longueur, fut nommée le Saint Temple, et destinée pour les sacrificateurs. Ces deux parties étaient séparées par de grandes portes de cèdre, parfaitement bien taillées et fort dorées, sur lesquelles pendaient des voiles de lin, pleins de diverses fleurs de couleur de pourpre, d’hyacinthe et d’écarlate…

" Salomon se servit, pour tout ce que je viens de dire, d’un ouvrier admirable, mais principalement aux ouvrages d’or, d’argent et de cuivre, nommé Chiram, qu’il avait fait venir de Tyr, dont le père, nommé Ur, quoique habitué à Tyr, était descendu des Israélites, et sa mère était de la tribu de Nephtali. Ce même homme lui fit aussi deux colonnes de bronze qui avaient quatre doigts d’épaisseur, dix-huit coudées de haut et douze coudées de tour, au-dessus desquelles étaient des corniches de fonte en forme de lis, de cinq coudées de hauteur. Il y avait à l’entour de ces colonnes des feuillages d’or qui couvraient ces lis, et on y voyait pendre en deux rangs deux cents grenades