Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/506

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aussi de fonte. Ces colonnes furent placées à l’entrée du porche du Temple ; l’une nommée Jachim, à la main droite, et l’autre nommée Boz, à la main gauche…

" Salomon fit bâtir hors de cette enceinte une espèce d’autre temple, d’une forme quadrangulaire, environné de grandes galeries, avec quatre grands portiques, qui regardaient le levant, le couchant, le septentrion et le midi, et auxquels étaient attachées de grandes portes toutes dorées ; mais il n’y avait que ceux qui étaient purifiés selon la loi et résolus d’observer les commandements de Dieu qui eussent la permission d’y entrer. La construction de cet autre temple était un ouvrage si digne d’admiration, qu’à peine est-ce une chose croyable ; car pour le pouvoir bâtir au niveau du haut de la montagne sur laquelle le Temple était assis il fallut remplir jusqu’à la hauteur de quatre cents coudées un vallon dont la profondeur était telle qu’on ne pouvait la regarder sans frayeur. Il fit environner ce temple d’une double galerie soutenue par un double rang de colonnes de pierre d’une seule pièce ; et ces galeries, dont toutes les portes étaient d’argent, étaient lambrissées de bois de cèdre[1]. "

Il est clair par cette description que les Hébreux lorsqu’ils bâtirent le premier temple n’avaient aucune connaissance des ordres. Les deux colonnes de bronze suffisent pour le prouver : les chapiteaux et les proportions de ces colonnes n’ont aucun rapport avec le premier dorique, seul ordre qui fût peut-être alors inventé dans la Grèce ; mais ces mêmes colonnes, ornées de feuillages d’or, de fleurs de lis et de grenades, rappellent les décorations capricieuses de la colonne égyptienne. Au reste, les chambres on forme de pavillon, les lambris de cèdre doré, et tous ces détails imperceptibles sur de grandes masses, prouvent la vérité de ce que j’ai dit sur le goût des premiers Hébreux.



Le plus ancien auteur qui ait décrit la mosquée de la Roche est Guillaume de Tyr : il la devait bien connaître, puisqu’elle sortait à peine des mains des chrétiens à l’époque où le sage archevêque écrivait son histoire. Voici comment il en parle :

" Nous avons dit, au commencement de ce livre, qu’Omar, fils de Calab, avait fait bâtir ce temple (…) et c’est ce que prouvent évidemment les inscriptions anciennes gravées au dedans et au dehors de cet édifice. (…) "

L’historien passe à la description du parvis, et il ajoute :

" Dans les angles de ce parvis il y avait des tours extrêmement élevées, du haut desquelles, à certaines heures, les prêtres des Sarrasins avaient coutume et inviter le peuple à la prière. Quelques-unes de ces tours sont deme

  1. Histoire des Juifs, trad. d’Arnaud d’Andilly.