Ici commence le long silence de l’histoire sur le pays le plus fameux de l’univers. Spon et Chandler perdent Athènes de vue pendant sept cents ans : " Soit, dit Spon, à cause du défaut de l’histoire, qui est courte et obscure dans ces siècles-là, ou que la fortune lui eût accordé ce long repos37. " Cependant on découvre dans le cours de ces siècles quelques traces de Sparte et d’Athènes.
Nous retrouvons d’abord le nom d’Athènes dans Théophilacte Simocate ; historien de l’empereur Maurice. Il parle des Muses qui brillent à Athènes dans leurs plus superbes habits38, ce qui prouve que vers l’an 590 Athènes était encore le séjour des Muses.
L’Anonyme de Ravenne, écrivain goth qui vivait vraisemblablement au VIIe siècle, nomme trois fois Athènes dans sa Géographie39 ; encore n’avons-nous de cette géographie qu’un extrait mal fait par Galatéus.
Sous Michel III, les Esclavons se répandirent dans la Grèce40. Théoctiste les battit et les poussa jusqu’au fond du Péloponèse. Deux hordes de ces peuples, les Ezérites et les Milinges, se cantonnèrent à l’orient et à l’occident du Taygète, qui se nommait dès lors Pentadactyle. Quoi qu’en dise Constantin Porphyrogénète, ces Esclavons sont les ancêtres des Maniotes, et ceux-ci ne sont point les descendants des anciens Spartiates, comme on le soutient aujourd’hui, sans savoir que ce n’est qu’une opinion ridicule de Constantin Porphyrogénète41. Ce sont sans doute ces Esclavons qui changèrent le nom d’Amyclée en celui de Sclabochorion.
Nous lisons dans Léon le Grammairien42 que les habitants de la Grèce ne pouvant plus supporter les injustices de Chasès, fils de Job et préfet d’Achaïe, le lapidèrent dans une église d’Athènes, pendant le règne de Constantin VII.
Sous Alexis Comnène, quelque temps avant les croisades, nous voyons les Turcs ravager les îles de l’Archipel et toutes les côtes de l’Occident43.