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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/92

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Catherine II, en soulevant le Péloponèse, fit faire à ce malheureux pays un dernier et inutile effort en faveur de la liberté88.

Je n’ai point voulu mêler aux dates historiques les dates des voyages en Grèce. Je n’ai cité que celui de Benjamin de Tudèle : il remonte à une si haute antiquité et il nous apprend si peu de choses, qu’il pouvait être compris sans inconvénient dans la suite des faits et annales. Nous venons donc maintenant à la chronologie des voyages et des ouvrages géographiques.

Aussitôt qu’Athènes, esclave des musulmans, disparaît dans l’histoire moderne, nous voyons commencer pour cette ville un autre ordre d’illustration plus digne de son ancienne renommée. En cessant d’être le patrimoine de quelques princes obscurs, elle reprit, pour ainsi dire, son antique empire, et appela tous les arts à ses vénérables ruines. Dès l’an 1465 Francesco Giambetti dessina quelques monuments d’Athènes89. Le manuscrit de cet architecte était en vélin, et se voyait à la bibliothèque Barberini, à Rome. Il contenait, entre autres choses curieuses, le dessin de la tour des Vents, à Athènes, et celui des masures de Lacédémone, à quatre ou cinq milles de Misitra. Spon observe à ce sujet que Misitra n’est point sur l’emplacement de Sparte, comme l’avait avancé Guillet, d’après Sophianus Niger et Ortelius. Spon ajoute : " J’estime le manuscrit de Giambetti d’autant plus curieux, que les dessins en ont été tirés avant que les Turcs se fussent rendus maîtres de la Grèce et eussent ruiné plusieurs beaux monuments qui étaient alors en leur entier. " L’observation est juste quant aux monuments, mais elle est fausse quant aux dates : les Turcs étaient maîtres de la Grèce en 1465.

Nicolas Gerbel publia à Bâle, en 1550, son ouvrage intitulé : Pro declaratione picturoe, sive descriptionis Groecioe, Sophiani libri septem90. Cette description, excellente pour le temps, est claire et courte, et pourtant substantielle. Gerbel ne parle guère que de l’ancienne Grèce ; quant à Athènes moderne, il dit : Aeneas Sillius Athenas hodie parvi oppiduli speciem gerere dicit, cujus munitissimam adhuc arcem Florentinus quidam Mahometi tradiderit, ut nimis vere Ovidius dixerit :

Quid Pandionae restant, nisi nomen Athenae ?