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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/93

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O rerum humanarum miserabiles vices ! O tragicam humanoe potentioe permutationem ! Civitas olim muris, navalibus, oedificiis, armis, opibus, viris, prudentia atque omni sapientia florentissima, in oppidulum, seu potius vicum, reducta est ! Olim libera et suis legibus vivens, nunc immanissimis belluis, servitutis jugo obstricta. Proficiscere Athenas, et pro magnificentissimis operibus videto rudera et lamentabiles ruinas. Noli, noli nimium fidere viribus tuis, sed in eum confidito qui dicit : Ego Dominus Deus vester.

Cette apostrophe d’un vieux et respectable savant aux ruines d’Athènes est très touchante : nous ne saurions avoir trop de reconnaissance pour les hommes qui nous ont ouvert les routes de la belle antiquité.

Dupinet91 soutenait qu’Athènes n’était plus qu’une petite bourgade, exposée aux ravages des renards et des loups.

Laurenberg92, dans sa Description d’Athènes, s’écrie : Fuit quondam Groecia, fuerunt Athenoe : nunc neque in Groecia Athenae, neque in ipsa Groecia Groecia est.

Ortelius93, surnommé le Ptolémée de son temps, donna quelques nouveaux renseignements sur la Grèce dans son Theatrum orbis terrarum et dans sa Synonyma Geographia, réimprimée sous le titre de Thesaurus Geographicus ; mais il confond mal à propos Sparte et Misitra : il croyait aussi qu’il n’y avait plus à Athènes qu’un château et quelques chaumières : Nunc casuloe tantum supersunt quoedam.

Martin Crusius94, professeur de grec et de latin à l’université de Tubinge, vers la fin du XVIe siècle, s’informa diligemment du sort du Péloponèse et de l’Attique. Ses huit livres, intitulés Turco-Groecia, rendent compte de l’état de la Grèce depuis l’année 1444 jusqu’au temps où Crusius écrivait. Le premier livre contient l’histoire politique, et le second l’histoire ecclésiastique de cet intéressant pays : les six autres livres sont composés de lettres adressées à différentes personnes par des Grecs modernes. Deux de ces lettres contiennent quelques détails sur Athènes, qui méritent d’être connus.

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