Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/103

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Le sol autour du fleuve fournit la rhubarbe, le coton, l’indigo, le safran, l’arbre ciré, le sassafras, le lin sauvage ; un ver du pays file une assez forte soie ; la drague, dans quelques ruisseaux, amène de grandes huîtres à perles, mais dont l’eau n’est pas belle. On connoît une mine de vif-argent, une autre de lapis-lazuli, et quelques mines de fer.

La suite du manuscrit contient la description du pays des Natchez et celle du cours du Mississipi jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Ces descriptions sont complètement transportées dans Atala et dans les Natchez.

Immédiatement après la description de la Louisiane, viennent dans le manuscrit quelques extraits des voyages de Bartram, que j’avois traduits avec assez de soin. À ces extraits sont entremêlées mes rectifications, mes observations, mes réflexions, mes additions, mes propres descriptions, à peu près comme les notes de M. Ramond à sa traduction du Voyage de Coxe en Suisse. Mais, dans mon travail, le tout est beaucoup plus enchevêtré, de sorte qu’il est presque impossible de séparer ce qui est de moi de ce qui est de Bartram, ni souvent même de le reconnoître. Je laisse donc le morceau tel qu’il est sous ce titre :

DESCRIPTION DE QUELQUES SITES DANS L’INTÉRIEUR DES FLORIDES.

Nous étions poussés par un vent frais. La rivière alloit se perdre dans un lac qui s’ouvroit devant nous, et qui formoit un bassin d’environ neuf lieues de circonférence. Trois îles s’élevoient du milieu de ce lac ; nous fîmes voile vers la plus grande, où nous arrivâmes à huit heures du matin.

Nous débarquâmes à l’orée d’une plaine de forme circulaire ; nous mîmes notre canot à l’abri sous un groupe de marronniers qui croissoient presque dans l’eau. Nous bâtîmes notre hutte sur une petite éminence. La brise de l’est souffloit, et rafraîchissoit le lac et les forêts. Nous déjeunâmes avec nos galettes de maïs, et nous nous dispersâmes dans l’île, les uns pour chasser, les autres pour pêcher ou pour cueillir des plantes.

Nous remarquâmes une espèce d’hibiscus. Cette herbe énorme, qui croît dans les lieux bas et humides, monte à plus de dix ou douze pieds, et se termine en un cône extrêmement aigu : les feuilles, lisses,