Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/116

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Ces républiques comptoient autrefois cent et cent cinquante citoyens ; quelques-unes étoient encore plus populeuses. On voyoit auprès de Québec un étang formé par des castors, qui suffisoit à l’usage d’un moulin à scie. Les réservoirs de ces amphibies étoient souvent utiles, en fournissant de l’eau aux pirogues qui remontoient les rivières pendant l’été. Des castors faisoient ainsi pour des sauvages, dans la Nouvelle-France, ce qu’un esprit ingénieux, un grand roi et un grand ministre ont fait dans l’ancienne pour des hommes policés.

OURS.

Les ours sont de trois espèces en Amérique : l’ours brun ou jaune, l'ours noir et l’ours blanc. L’ours brun est petit et frugivore ; il grimpe aux arbres.

L’ours noir est plus grand ; il se nourrit de chair, de poisson et de fruits ; il pêche avec une singulière adresse. Assis au bord d’une rivière, de sa patte droite il saisit dans l’eau le poisson qu’il voit passer, et le jette sur le bord. Si, après avoir assouvi sa faim, il lui reste quelque chose de son repas, il le cache. Il dort une partie de l’hiver dans les tanières ou dans les arbres creux où il se retire. Lorsqu’aux premiers jours de mars il sort de son engourdissement, son premier soin est de se purger avec des simples.

Il vivoit de régime et mangeoit à ses heures.

L’ours blanc ou l’ours marin fréquente les côtes de l’Amérique septentrionale, depuis les parages de Terre-Neuve jusqu’au fond de la baie de Baffin, gardien féroce de ces déserts glacés.

CERF.

Le cerf du Canada est une espèce de renne que l’on peut apprivoiser. Sa femelle, qui n’a point de bois, est charmante ; et si elle avoit les oreilles plus courtes, elle ressembleroit assez bien à une légère jument angloise.


    Colombie ; mais les Européens ayant pénétré dans ces régions, les castors seront bientôt exterminés. Déjà l’année dernière (1826) on a vendu à Saint-Louis, sur le Mississipi, cent paquets de peaux de castor, chaque paquet pesant cent livres, et chaque livre de cette précieuse marchandise vendue au prix de cinq gourdes.