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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/123

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L’autre manière consiste à ne représenter que les habitudes et les coutumes des sauvages, sans mentionner leurs lois et leurs mœurs ; alors on n’aperçoit plus que des cabanes enfumées et infectes dans lesquelles se retirent des espèces de singes à parole humaine. Sidoine Apollinaire se plaignoit d’être obligé d’entendre le rauque langage du Germain et de fréquenter le Bourguignon, qui se frottoit les cheveux avec du beurre.

Je ne sais si la chaumine du vieux Caton, dans le pays des Sabins, étoit beaucoup plus propre que la hutte d’un Iroquois. Le malin Horace pourroit sur ce point nous laisser des doutes.

Si l’on donne aussi les mêmes traits à tous les sauvages de l’Amérique septentrionale, on altérera la ressemblance ; les sauvages de la Louisiane et de la Floride différoient en beaucoup de points des sauvages du Canada. Sans faire l’histoire particulière de chaque tribu, j’ai rassemblé tout ce que j’ai su des Indiens sous ces titres :

Mariages, enfants, funérailles ; Moissons, fêtes, danses et jeu ; Année, division et règlement du temps, calendrier naturel ; Médecine ; Langues indiennes ; Chasse ; Guerre ; Religion ; Gouvernement. Une conclusion générale fait voir l’Amérique telle qu’elle s’offre aujourd’hui.

MARIAGES, ENFANTS, FUNÉRAILLES.

Il y a deux espèces de mariages parmi les sauvages : le premier se fait par le simple accord de la femme et de l’homme ; l’engagement est pour un temps plus ou moins long, et tel qu’il a plu au couple qui se marie de le fixer. Le terme de l’engagement expiré, les deux époux se séparent : tel étoit à peu près le concubinage légal en Europe, dans le viiie et le ixe siècle.

Le second mariage se fait pareillement en vertu du consentement de l’homme et de la femme ; mais les parents interviennent. Quoique ce mariage ne soit point limité, comme le premier, à un certain nombre d’années, il peut toujours se rompre. On a remarqué que chez les Indiens le second mariage, le mariage légitime, étoit préféré par les jeunes filles et les vieillards, et le premier par les vieilles femmes et les jeunes gens.

Lorsqu’un sauvage s’est résolu au mariage légal, il va avec son père faire la demande aux parents de la femme. Le père revêt des habits qui n’ont point encore été portés ; il orne sa tête de plumes nouvelles, lave l’ancienne peinture de son visage, met un nouveau fard, et change l’anneau pendant à son nez ou à ses oreilles ; il prend dans sa main droite un calumet dont le fourneau est blanc, le tuyau bleu, et