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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 7.djvu/193

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CHAPITRE XXIII.
DU MINISTÈRE SOUS LA MONARCHIE REPRÉSENTATIVE.
CE QU’IL PRODUIT D’AVANTAGEUX.
SES CHANGEMENTS FORCÉS.

Un avantage incalculable de la monarchie représentative, c’est d’amener les hommes les plus habiles à la tête des affaires, de créer une hérédité forcée de lumières et de talents[1].

La raison en est sensible. Avec des chambres, un ministère foible ne peut se soutenir ; ses fautes, rappelées à la tribune, répétées dans les journaux, livrées à l’opinion publique, amènent en peu de temps sa chute.

Je ne cherche donc point dans un gouvernement représentatif de causes trop privées aux changements des ministres. Quand ces changements sont fréquents, c’est tout simplement que ces ministres ont embrassé de faux systèmes, méconnu l’esprit public, ou qu’ils ont été incapables de supporter le poids des affaires.

Sous une monarchie absolue on peut s’effrayer de la succession rapide des ministres, parce que ces révolutions peuvent annoncer un défaut de discernement dans le prince ou une suite d’intrigues de cour.

Sous une monarchie constitutionnelle les ministres peuvent et doivent changer jusqu’à ce qu’on ait trouvé les hommes de la chose, jusqu’à ce que les chambres et l’opinion aient fait sortir l’habileté des rangs où elle se tenoit cachée. Ce sont des eaux qui cherchent à prendre leur niveau ; c’est un équilibre qui veut s’établir.

Il y aura donc changement tant que l’harmonie ne sera pas exactement établie entre les chambres et le ministère.

CHAPITRE XXIV.
LE MINISTÈRE DOIT SORTIR DE L’OPINION PUBLIQUE ET DE LA MAJORITÉ DES CHAMBRES.

Il suit de là que sous la monarchie constitutionnelle c’est l’opinion publique qui est la source et le principe du ministère, principium et fons ; et par une conséquence qui dérive de celle-ci le ministère doit

  1. Réflexions politiques.