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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 7.djvu/217

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grandes plaintes n’a jamais commis une faute ni contre le roi, qu’elle aime avec idolâtrie, ni contre le peuple, dont elle devoit défendre les droits. Par les lois sur la suspension de la liberté individuelle, sur les cris séditieux, sur les cours prévôtales, sur l’amnistie, elle s’est empressée d’armer la couronne de tous les pouvoirs ; en amendant le projet de loi d’élections et en faisant, contre ses propres intérêts comme chambre, un meilleur budget, elle a maintenu les intérêts du peuple.

Si le ministère avoit consenti, pour son repos comme pour celui de la France, à suivre le principe constitutionnel, à marcher avec la majorité, jamais travaux politiques plus importants et plus brillants à la fois n’auroient consolé un peuple après tant de folies et d’erreurs.

Les projets de loi des ministres furent de grands actes d’administration : mieux dirigés, ils auroient passé sans difficulté.

Les propositions des chambres[1] furent de leur côté matière à grandes lois ; accueillies par le ministère, elles se fussent perfectionnées.

De faux systèmes dérangèrent tout, et ce qui devoit être un point d’union devint un champ de bataille.

Entrons donc dans l’examen de ces systèmes qui ont déjà perdu la France au 20 mars, qui nous font et nous feront encore tant de mal.

CHAPITRE XII.
QUELS HOMMES ONT EMBRASSÉ LES SYSTÈMES
QUE L’ON VA COMBATTRE,
ET S’IL IMPORTE DE LES DISTINGUER.

Il y a des administrateurs qui ont embrassé les systèmes en vigueur depuis la restauration, voyant très-bien le but caché, désirant très-vivement la conséquence de ces systèmes.

Il y a des hommes d’État qui y sont tombés, faute de lumières et de jugement ; d’autres s’y sont précipités en haine de tels ou tels hommes ; d’autres y tiennent par orgueil, passion, caractère, entêtement, humeur.

Il est clair que ces systèmes ont leurs dupes et leurs fripons,

  1. J’étois entré dans de longs détails relatifs aux propositions des chambres et aux projets des ministres, mais je les ai supprimés depuis la publication de l’Histoire de la Session de 1815, par M. Fiévée. Cet important sujet est supérieurement traité dans ia troisième partie de son ouvrage. Je ne pourrois rien y ajouter.