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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes - Génie du christianisme, 1828.djvu/419

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encore, et déjà circulait au pied de leur trône, dans la foule, le prêtre inconnu qui devait les remplacer au Capitole. La hiérarchie commence ; Lin succède à Pierre, Clément à Lin : cette chaîne de pontifes, héritiers de l’autorité apostolique, ne s’interrompt plus pendant dix-huit siècles, et nous unit à Jésus-Christ.

Avec la dignité épiscopale, on voit s’établir dès le principe les deux autres grandes divisions de la hiérarchie, le sacerdoce, et le diaconat. Saint Ignace exhorte les Magnésiens à agir en unité avec leur évêque, qui tient la place de Jésus-Christ, leurs prêtres, qui représentent les apôtres, et leurs diacres, qui sont chargés du soin des autels[1]. Pie, Clément d’Alexandrie, Origène et Tertullien, confirment ces degrés[2].

Quoiqu’il ne soit fait mention pour la première fois des métropolitains ou des archevêques qu’au concile de Nicée, néanmoins ce concile parle de cette dignité comme d’un degré hiérarchique établi depuis longtemps[3]. Saint Athanase[4] et saint Augustin[5] citent des métropolitains existant avant la date de cette assemblée. Dès le second siècle Lyon est qualifié, dans les actes civils, de ville métropolitaine, et saint Irénée, qui en était évêque, gouvernait toute l’Église (parocion) gallicane [NOTE 54].

Quelques auteurs ont pensé que les archevêques mêmes sont d’institution apostolique[6] ; en effet, Eusèbe et saint Chrysostome disent que Tite, évêque, avait la surintendance des évêques de Crète[7].

Les opinions varient sur l’origine du patriarcat ; Baronius, de Marca et Richerius la font remonter aux apôtres ; mais il paraît néanmoins qu’il ne fut établi dans l’Église que vers l’an 385, quatre ans après le concile général de Constantinople.

Le nom de cardinal se donnait d’abord indistinctement aux premiers titulaires des églises[8]. Comme ces chefs du clergé étaient ordinairement des hommes distingués par leur science et leur vertu, les papes les consultaient dans les affaires délicates ; ils devinrent peu à peu le conseil permanent du saint-siège, et le droit d’élire le souverain

  1. Ignat., Ep. ad Magnes, n o VI. (N.d.A.)
  2. Pius, ep. II ; Clem. Alex., Strom., lib. VI, p. 667 ; Orig., hom. II, in Num., hom. in Cantic.,Tertull., de Monogam., cap. XI ; de Fuga, cap. XLI ; de Baptismo, cap. XVII. (N.d.A.)
  3. Conc. Nicen., can. VI. (N.d.A.)
  4. Athan., de Sentent. Dionys., t. I, p. 552. (N.d.A.)
  5. Aug., Brevis Collat. tert. die, cap. XVI. (N.d.A.)
  6. Usher., de Orig. Episc. et Metrop. Revereg. cod. can. vind., lib. II. cap VI, n o 12 ; Hamm., Pref. to Titus in Dissert. 4 cont. Blondel, cap. V. (N.d.A.)
  7. Euseb., H. E., lib. III, cap. IV ; Chrys., Hom. I. in Tit. (N.d.A.)
  8. Héricourt, Lois eccl. de France, p. 205. (N.d.A.)