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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes - Génie du christianisme, 1828.djvu/420

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pontife passa dans leur sein, quand la communion des fidèles devint trop nombreuse pour être assemblée.

Les mêmes causes qui avaient donné naissance aux cardinaux près des papes produisirent les chanoines près des évêques : c’était un certain nombre de prêtres qui composaient la cour épiscopale. Les affaires du diocèse augmentant, les membres du synode furent obligés de se partager le travail. Les uns furent appelés vicaires, les autres grands vicaires, etc., selon l’étendue de leur charge. Le conseil entier prit le nom de chapitre, et les conseillers celui de chanoines, qui ne veut dire qu’administrateur canonique.

De simples prêtres, et même des laïques, nommés par les évêques à la direction d’une communauté religieuse, furent la source de l’ordre des abbés. Nous verrons combien les abbayes furent utiles aux lettres, à l’agriculture, et en général à la civilisation de l’Europe.

Les paroisses se formèrent à l’époque où les ordres principaux du clergé se subdivisèrent. Les évêchés étant devenus trop vastes pour que les prêtres de la métropole pussent porter les secours spirituels et temporels aux extrémités du diocèse, on éleva des églises dans les campagnes. Les ministres attachés à ces temples champêtres ont pris longtemps après le nom de curé, peut-être du latin cura, qui signifie soin, fatigue. Le nom du moins n’est pas orgueilleux, et on aurait dû le leur pardonner, puisqu’ils en remplissaient si bien les conditions[1].

Outre ces églises paroissiales, on bâtit encore des chapelles sur le tombeau des martyrs et des solitaires. Ces temples particuliers s’appelaient martyrium ou memoria ; et, par une idée encore plus douce et plus philosophique, on les nommait aussi cimetières, d’un mot grec qui signifie sommeil[2].

Enfin, les bénéfices séculiers durent leur origine aux agapes, ou repas des premiers chrétiens. Chaque fidèle apportait quelques aumônes pour l’entretien de l’évêque, du prêtre et du diacre et pour le soulagement des malades et des étrangers[3]. Des hommes riches, des princes, des villes entières, donnèrent dans la suite des terres à l’église, pour remplacer ces aumônes incertaines. Ces biens partagés en divers lots, par le conseil des supérieurs ecclésiastiques, prirent le nom de prébende, de canonicat, de commende, de bénéfices-cures, de bénéfices manuels, simples, claustraux, selon les degrés hiérarchiques de l’administrateur aux soins duquel ils furent confiés[4].

  1. S. Athanase, dans sa seconde Apologie, dit que de son temps il y avait déjà dix églises paroissiales établies dans le Maréotis, qui relevait du diocèse d’Alexandrie. (N.d.A.)
  2. Fleury, Hist. eccl. (N.d.A.)
  3. S. Just., Apol. (N.d.A.)
  4. Héric., Lois eccl., p. 204-13. (N.d.A.)