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38 RÉVOLUTIONS ANCIENNES.

« Chacun de nous met en commun sa personne » et toute sa puissance sous la suprême direction » de la volonté générale ; et nous recevons en » corps chaque membre , comme partie indivi- » sible du tout 1 . »

Pour faire un tel raisonnement ne faut-il pas supposer une société déjà préexistante? Sera-ce le sauvage, vagabond dans ses déserts, à qui le mien et le tien sont inconnus, qui passera tout à coup de la liberté naturelle à la liberté civile, sorte de liberté purement abstraite, et qui sup- pose de nécessité, toutes les idées antérieures de propriété, de justice conventionnelle, de force comparée du tout à la partie, etc. Il se trouve donc un état civil intermédiaire, entre l'état de nature et celui dont parle Jean- Jacques. Le contrat qu'il suppose n'est donc pas l'original.

Mais quel est, dira-t-on, ce contrat primitif? C'est ici la grande difficulté.

Que si on reçoit, pour un moment, celui de Rousseau comme authentique , du moins est-il certain que ce pacte fondamental remonte au delà des sociétés dont nous nous formions quelque idée, puisque pas une des hordes sau- vages, qu'on a rencontrées sur le globe, n'exis-

1 Contrat Soc. , liv. i, ch. 6.

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