Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/25

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PREFACE. v

projets qui n'étoient pas eux-mêmes sans périls. Je revins en France ; j'émigrai avec mon frère, et je fis la campagne de 1792.

Atteint, dans la retraite, de cette dyssen- terie qu'on appeloit la maladie des Prus- siens, une affreuse petite vérole vint com- pliquer mes maux. On me crut mort; on m'abandonna dans un fossé où, -donnant en- core quelques signes de vie , je fus secouru par la compassion des gens du prince de Ligne, qui me jetèrent dans un fourgon. Ils me mirent à terre sous les remparts de Namur, et je traversai la ville en me traî- nant sur les mains de porte en porte. Re- pris par d'autres fourgons, je retrouvai à Bruxelles mon frère qui rentroit en France , pour monter sur lechafaud : on osoit à peine panser une blessure que j'avois à la cuisse, à cause de la contagion de ma dou- ble maladie.

Je voulois cependant dans cet état me rendre à Jersey, afin de rejoindre les roya- listes de la Bretagne. Au prix d'un peu d'argent que j'empruntai , je me fis porter à Ostende : j'y rencontrai plusieurs Bre- tons mes compatriotes et mes compagnons d'armes, qui avoient formé le même projet que moi. Nous nolisàmes une petite barque

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