Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/60

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xl PREFACE.

porains; mais la postérité viendra, et si j'existe pour elle, elle prononcera avec impartialité sur le livre et sur le commentaire. J'ose espé- rer qu'elle jugera Y Essai comme ma tête grise l'a jugé ; car en avançant dans la vie , on prend naturellement de l'équité de cet avenir dont on approche.

Cependant des personnes prétendent qu'il ne seroit pas impossible que l' Essai fut reçu du public avec une faveur à laquelle je ne de- vrois pas m'attendre ; j'avoue que les raisons présumées de cette faveur , si elle a lieu , m'attristent autant qu'elles m'effraient. Il me paroît certain à moi - même que si je publiois le Génie du Christianisme au- jourd'hui pour la première fois , il n'ob- tiendroit pas le succès populaire qu'il ob- tint au commencement de ce siècle; il est certain encore que si j'avois donné en 1801 YEssai historique au lieu du Génie du Chris- tianisme , il eût été reçu avec un murmure d'improbation générale. Comment se fait-il maintenant que ce même Essai soit plus près des idées du jour sous la légitimité, qu'il ne l'eût été sous l'usurpation ? et comment arrive-t-il que le Génie du Christianisme est moins dans l'esprit de ce moment, qu'il ne l'étoit à l'époque où je l'ai fait paroître ?

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