Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/65

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PREFACE. xlv

pouvoit rendre au clergé la puissance légitime qu'il doit obtenir : par le chemin opposé, sa ruine est certaine. La société ne peut se sou- tenir qu'en s'appuyant sur l'autel , mais les ornements de l'autel doivent changer selon les siècles , et en raison des progrès de l'esprit humain. Si le sanctuaire de la divinité est beau à l'ombre, il est encore plus beau à la lumiè- re : la croix est l'étendard de la civilisation.

Je ne redeviendrai incrédule que quand on m'aura démontré que le christianisme est incompatible avec la liberté ; alors je cesserai de regarder comme véritable une religion opposée à la dignité de l'homme. Comment pourrois-je le croire émané du ciel , un culte qui étoufferoit les sentiments nobles et géné- reux , qui rapetisseroit les Ames , qui coupe- roit les ailes du génie , qui maudii oit les lu- mières au lieu d'en faire un moyen de plus pour s'élever à l'amour et à la contempla- tion des œuvres de Dieu? Quelle que fût ma douleur, il faudroit bien reconnoître malgré moi que je me repaissois de chi- mères : j'approcherois avec horreur de cette tombe où j'avois espéré trouver le repos , et non le néant.

Mais tel n'est point le caractère de la vraie religion ; le christianisme porte pour moi

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