Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/69

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PREFACE xlix

que je pense de cet ouvrage. Je me suis loué quelquefois ; on voudra bien me pardonner cette impartialité dont je n'ai pas d'ailleurs abusé : la brutalité de ma censure expiera la modération de ma louange. J'ose dire que je me suis traité avec une rigueur qui défiera la sévérité de la plus rude critique. Ce ne sont point de ces concessions auxquelles un auteur se résigne pour mettre à l'abri son amour-propre, pour se donner un air de franchise et de bonhomie, pour se glo- rifier en se rabaissant ; ce sont de ces aveux que la vanité ne fait jamais, et qui coûtent à la nature humaine.

Si je ne parle point du style de Y Essai, c'est qu'il ne m'appartient pas de le juger : je dirai seulement qu'il est plus incorrect que celui de mes autres ouvrages, qu'il rend avec moins de précision ce qu'il veut ex- primer, mais qu'il a la verve de la jeunesse et qu'il renferme tous les germes de ce qu'on a bien voulu traiter avec quelque indulgence dans mes écrits d'un âge plus mur. Il y a même un progrès sensible des premières pages de Y Essai aux dernières : les trois ans que je mis à élever cette tour de Babel, m'a- voient profité comme écrivain.

Un dernier mot. Si les préfaces de cette

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