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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

église cénobiale, in prædio Machutis. Ce nom de Malo se communiqua à l’île, et ensuite à la ville, Maclovium, Maclopolis.

De saint Malo, premier évêque d’Aleth, au bienheureux Jean surnommé de la Grille, sacré en 1140 et qui fit élever la cathédrale, on compte quarante-cinq évêques. Aleth étant déjà presque entièrement abandonnée, Jean de la Grille transféra le siège épiscopal de la ville romaine dans la ville bretonne qui croissait sur le rocher d’Aaron.

Saint-Malo eut beaucoup à souffrir dans les guerres qui survinrent entre les rois de France et d’Angleterre.

Le comte de Richemont, depuis Henri VII d’Angleterre, en qui se terminèrent les démêlés de la Rose blanche et de la Rose rouge, fut conduit à Saint-Malo. Livré par le duc de Bretagne aux ambassadeurs de Richard, ceux-ci l’emmenaient à Londres pour le faire mourir. Échappé à ses gardes, il se réfugia dans la cathédrale, asylum quod in eâ urbe est inviolatissimum : ce droit d’asile remontait aux Druides, premiers prêtres de l’île d’Aaron.

    qu’exacte. Malo fut bien le premier titulaire de l’évêché d’Aleth, fondé par Judaël, roi de Domnonée, mais cette fondation eut lieu, non en 541, mais près d’un demi-siècle plus tard. Né vers 520 dans la Cambrie méridionale, Malo ne passa en Armorique que vers 550. Il aborda dans l’île de Césembre, avec une trentaine de disciples et se mit aussitôt à évangéliser les campagnes aléthiennes et curiosolites. Il comptait déjà dans la péninsule armoricaine, et spécialement dans le pays d’Aleth, quarante ans d’apostolat, lorsqu’il fut honoré de la dignité épiscopale, vers 585-590. Saint Malo mourut en Saintonge, le dimanche 16 décembre 621, âgé d’environ cent ans. (Voir l’Histoire de Bretagne, par Arthur de la Borderie, tome I, p. 421, 465, 475.)