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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

sur la mer l’honneur du pavillon français. La goëlette rejoignit la flotte que le cardinal de Fleury envoyait au secours de Stanislas, assiégé dans Dantzick par les Russes. Mon père mit pied à terre et se trouva au mémorable combat que quinze cents Français, commandés par le Breton de Bréhan, comte de Plélo[1], livrèrent, le 29 mai 1734, à quarante mille Moscovites commandés par Munich. De Bréhan, diplomate, guerrier et poète, fut tué et mon père blessé deux fois. Il revint en France et se rembarqua. Naufragé sur les côtes de l’Espagne, des voleurs l’attaquèrent et le dépouillèrent dans la Galice ; il prit passage à Bayonne sur un vaisseau et surgit encore au toit paternel. Son courage et son esprit d’ordre l’avaient fait connaître. Il passa aux Îles ; il s’enrichit dans les colonies et jeta les fondements de la nouvelle fortune de sa famille[2].

Ma grand’mère confia à son fils René son fils Pierre, M. de Chateaubriand du Plessis[3], dont le fils, Armand de Chateaubriand, fut fusillé, par ordre de Bonaparte, le vendredi saint de l’année 1809[4]. Ce fut un des der-

  1. Louis-Robert-Hippolyte de Bréhan, comte de Plélo, né à Rennes, le 28 mars 1699, était le petit-neveu de Mme de Sévigné. Sa vie a été écrite par M. Edmond Rathery, sous ce titre : Le comte de Plélo, un volume in-8o, 1876.
  2. Voir, à l’Appendice, le No IV : le comte René de Chateaubriand armateur.
  3. Pierre-Marie-Anne de Chateaubriand, seigneur du Plessis et du Val-Guildo, né en 1727. Il commanda plusieurs des navires de son frère. (Voir à l’Appendice le No IV.) Le 12 février 1760, il épousa Marie-Jeanne-Thérèse Brignon, fille de Nicolas Brignon, seigneur de Laher, négociant, et de Marie-Anne Le Tondu. Incarcéré pendant la Terreur, il mourut dans la prison de Saint-Malo, le 3 fructidor an II (20 août 1794).
  4. Les éditions précédentes portent toutes : 1810. C’est une erreur. Armand de Chateaubriand fut fusillé le vendredi saint