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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

taire quand elle eût voulu parler, elle s’en dédommageait par une espèce de tristesse bruyante entrecoupée de soupirs qui interrompaient seuls la tristesse muette de mon père. Pour la piété, ma mère était un ange.

Ma mère accoucha à Saint-Malo d’un premier garçon qui mourut au berceau, et qui fut nommé Geoffroy, comme presque tous les aînés de ma famille. Ce fils fut suivi d’un autre et de deux filles qui ne vécurent que quelques mois.

Ces quatre enfants périrent d’un épanchement de sang au cerveau. Enfin, ma mère mit au monde un troisième garçon qu’on appela Jean-Baptiste : c’est lui qui dans la suite devint le petit-gendre de M. de Malesherbes. Après Jean-Baptiste naquirent quatre filles : Marie-Anne, Bénigne, Julie et Lucile, toute quatre d’une rare beauté, et dont les deux aînées ont seules survécu aux orages de la Révolution. La beauté, frivolité sérieuse, reste quand toutes les autres sont passées. Je fus le dernier de ces dix enfants[1]. Il est pro-

  1. Chateaubriand fixe à dix le nombre des enfants issus du mariage de ses père et mère. Les registres de la ville de Saint-Malo n’en accusent que neuf :

    1o Geoffroy-René-Marie, né le 4 mai 1758 (mort au berceau).

    2o Jean-Baptiste-Auguste, né le 23 juin 1759 (celui qui sera le petit-gendre de Malesherbes).

    3o Marie-Anne-Françoise, née le 4 juillet 1760 (plus tard Mme de Marigny).

    4o Bénigne-Jeanne, née le 31 août 1761 (qui épousera plus tard M. de Québriac, puis M. de Châteaubourg).

    5o Julie-Marie-Agathe, née le 2 septembre 1763 (plus tard Mme de Farcy).

    6o Lucile-Angélique, née le 7 août 1764 (plus tard Mme de Caux).